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SUR LE VOILIER DE MON PERE

BAG JOS

 

 

 

Sur le voilier de mon père : Jocelyne SPADA - une Sénane

 

Comme de merveilleux cailloux blancs, jalonnant l’histoire de ma vie

Restent en ma mémoire ces instants, que je sais proches du paradis

C’est à l’aube que tu m’emmenais, à l’heure où les mouettes dorment encore

Regardant le ciel tu disais : « Juste après Dieu, seul maître à bord ».

Oh, comme j’ai aimé ces départs, dans le port encore en sommeil

Nous larguions doucement les amarres et nous voguions à tire d’aile.

 

Dans la robe blanche des voiles, la brise exhalait des soupirs.

Malicieux dauphin, ton navire jouait sur l’écume de l’Iroise.

Ta grosse veste sur mes épaules, ta casquette sur un oeil penchée,

Je te regardais manœuvrer, attendant de jouer mon rôle.

Une fois le danger éloigné, quelle fierté quand tu me disais

« Venez à la barre Capitaine », de l’Océan, j’étais la reine !

 

Avec patience tu m’apprenais, la pêche, les marées, les courants.

Je t’écoutais sans me lasser, tu percevais tout de l’instant :

L’éclat d’une aile dans le soleil, l’humeur du temps, le chant du vent,

Les pièges, les écueils, les sirènes, des flots tu étais le Géant.

Nos pêches étaient miraculeuses, la mer semblait tout t’accorder,

De toi elle était amoureuse, j’ai toujours gardé le secret.

 

Puis la brume du soir étendait ses filets de mélancolie.

Il fallait regagner la terre, le cœur empreint de nostalgie.

C’était, je crois, les plus belles heures, nous touchions de l’âme le bonheur.

T’en souviens-tu, nous nous taisions.

Nos silences en disaient long !

Comme de merveilleux cailloux blancs, jalonnant l’histoire de ma vie,

J’ai en mémoire ces doux instants, que je sais proches du paradis.

 

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