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Lorsque
les " Phares et Balises " décidèrent de construire
un phare aux alentours de la Roche Occidentale, qui représente le
dernier point de l’Europe avant le continent américain, les gens restèrent
septiques quant à la faisabilité d’une telle entreprise. Les
flots, particulièrement violents dans cette partie de la mer, la
hauteur d’eau extrême, même à marée basse, rendait l’opération
quasiment impossible. De nombreux rochers furent visités, mais tous étaient
impraticables car perpétuellement recouvert par la mer. Enfin,
il s’en trouva un, baptisé " La Pierre ", ou
" Ar Men " en breton, pour pouvoir apparemment
recevoir un phare. Afin d’en être sûr, il fallait d’abord le
mesurer. L’Ar Men ne découvrait qu’en basse mer des très grandes
marées, et rarement plus qu’un quart d’heure. Placé
au milieu de courants irascibles, l’abordage comme le travail y étaient
des actes pour ainsi dire suicidaires. De nombreux essais furent tentés
sans résultat. Les " Phares et Balises " allaient
renoncer lorsque le Syndic des gens de mer de l’Ile de Sein, un dénommé
Thymeur, accosta et grimpa seul sur l’Ar Men. Il parvint au prix
d’efforts surhumains, à mesurer le rocher dans les remous et les
vents qui balayaient constamment le granit. Il calcula ainsi que la plus
grande longueur n’excèdait pas 15 m sur 7 m de large. La construction
du phare allait pouvoir commencer. Après
avoir creusé le granit de 55 trous (2 ans de travail en 26 accostages),
il fallu faire les travaux de maçonnerie. Le ciment à prise rapide était
directement gâché à l’eau de mer. Un marin faisait le guet et prévenait
de se cramponner à l’approche des trop grosses vagues. Entre deux
assauts, il fallait se dépêcher de maçonner en priant pour que la mer
n’arrache pas les pierres posées avant que le ciment ne sèche. L’aventure
dura 21 ans et, dans des conditions aussi éprouvantes, ne fera qu’un
seul mort, un maçon de la
Pointe du Raz, Alain Riou, dont la ceinture de liège, mal fixée, se détachera
sous le coup d’une lame de fond. |