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La
destruction du phare Ile de Sein Pendant
la seconde guerre mondiale, le départ des Allemands étaient avidement
souhaité sur l’île, mais craint aussi, car les officiers germaniques
avaient fait des menaces de destruction aux habitants. Les Sénans savaient
aussi que sur la Pointe du Raz, des canons étaient braqués sur l’île. La
destruction de l’île ne survint heureusement pas, mais, dans le cœur des
habitants, la débâcle allemande allait laisser une profonde blessure qui
jamais ne cicatriserait : la destruction du phare de granit. Alors
que deux adolescentes, Marie-Françoise Thymeur et Yvonne Porsmoguer s’en étaient
allées auprès du Grand Phare au ramassage des pommes de terre, le 4 août
1944, un avion allié les survola, provoquant des tirs de fusils de la part
des Allemands qui avaient leur casemate au Roujou. L’avion
passé, les deux jeunes filles qui s’étaient allongées au sol, se relevèrent
et se remirent au travail, croyant tout danger écarté. Les Allemands, qui
s’affairaient dans une galerie creusée par leurs soins du Roujou au
Goulenez, transportant toutes leurs munitions, grenades, mines et autres
dynamites dans la cave du phare, ne faisaient pas attention à elles. Tout
à l’arrachage de leurs pommes de terre, Marie-Françoise et Yvonne virent
alors un soldat allemand courir vers elles, faisant de grands gestes. " Vous
partir chez vous, guerre finie ! Phare boum ! Boum ! ".
Les jeunes filles, effrayées, se mirent à courir à leur tour vers le bourg.
Elles n’eurent que le temps d’arriver aux premières maisons du village. Là,
se trouvaient des voisines qui leur apprirent la terrible nouvelle : les Allemands, obligés de quitter l’île, allaient faire sauter le phare.
L’explication était à peine donnée qu’une violente déflagration se fit
entendre. Sous le choc de l’explosion, la tour s’effondra toute d’un
bloc. Quel spectacle ! Plus de phare ! Rien. Sans
l’intelligence d’un soldat allemand anonyme, Marie-Françoise Thymeur et
Yvonne Porsmoguer seraient deux victimes supplémentaires de la guerre. Le champs où
elles travaillaient était particulièrement exposé aux éclats de granit du
phare. Mais
du phare, il ne restait que des amoncellements de pierres taillées, fendues,
éclatées, sur plusieurs centaines de mètres autour de la base béante. On
voit encore de nos jours beaucoup des gros blocs lancés par la décharge,
couchés à même le sol où les a lancés le souffle destructeur. Plus
tard, ce fut au tour du Guéveur d’exploser. Là, seule la cabine de la
corne à brume fut détruite, elle seule étant minée. Lorsqu’on
connaît l’importance des phares pour la vie des marins, lorsqu’on sait
les difficultés pour les Sénans de construire de tels édifices, on peut
imaginer la consternation et l’accablement dans le regard des témoins
devant un tel acte inhumain. Les
Allemands craignaient un débarquement sur l’île et avaient reçu des
ordres strictes. Des phares basés sur l’île, seul le Men Brial évita la
destruction. Pour
remplacer le Grand Phare détruit, et vue son importance stratégique pour les
navigateurs, un grand pylône métallique fut monté et un feu à gaz fut hissé
à son sommet, le 11 juin 1945. Il fut remplacé par un feu électrique, plus
fiable, le 7 mars 1946. Il fallut attendre 1950 pour entreprendre la
construction du nouveau phare de béton, et 1951 pour voir enfin la lanterne
tournoyer de nouveau dans la nuit. Dès le début, l’idée de construire une
centrale électrique au pied du phare s’imposa. Pour ce bâtiment et ses dépendances,
la surface de 3600 m² de terrain était nécessaire. Les Ponts et Chaussées
durent traiter avec 171 propriétaires sénans. L’île ne possédant pas de
cadastre, les arrangements furent des plus laborieux. Dans
le cœur des Sénans, le beau phare blanc et noir représentant si bien leur
île, sera toujours lié au souvenir du magnifique édifice de granit rond,
qui éclaira vaillamment quotidiennement leurs nuits de 1839 à 1944 pendant 105 années,
victime de la guerre et de la sauvagerie des dirigeants ennemis. |