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Un
hommage particulier doit être rendu aux veilleurs. Courageux,
travailleurs acharnés, ils sont les gardiens du phare autant que de la
mer et des rochers. Ils
restent les gardiens de la vie de tous les marins. Le
nom officiel de leur profession est, au XXIème siècle :
" Electromécanicien de phare ". Leur priorité est, et doit
toujours rester, La Lumière, puissant faisceau lançant son lent
tourniquet dans la nuit. Cette lumière sera toujours présente pour
conjurer le mauvais temps, protéger les navigateurs et tenir chaud au cœur
des vrais marins. Ils
travaillent sur place, pendant quinze à vingt jours suivant les phares,
en compagnie d’un, où plus rarement de deux collègues. Il faut alors
se supporter, travailler de concert et se respecter pour que tout se
passe bien. Un gardien de phare, surtout en pleine mer, n’oublie
jamais que son salut peut dépendre de son compagnon. Les
phares étant pour la plupart automatisés, des contrôles sont effectués
pour suppléer la mécanique en cas de défaut de celle-ci. Ils restent
également des lieux de mesures météorologiques. Ils s’allument et
s’éteignent grâce à un système de capteurs photosensibles à la
lumière du jour. Cependant, ils n’assurent plus pour les marins la
certitude d’avoir la présence rassurante des gardiens à leurs côtés. Pour
devenir gardien de phare, les " Phares et Balises "
recherchaient à l’époque des hommes capables de supporter la
solitude et une vie plus draconienne encore que celle d’un moine en
cellule, sobre, sans futilité, et basée sur le travail. Aucune
connaissance particulière n’était demandée, hormis de savoir lire,
écrire, compter et travailler sur une vie réglée par quart comme sur
un navire. Le travail s’apprenait sur le tas : allumer et éteindre
la lampe, nettoyer les réflecteurs paraboliques, entretenir la chambre
de veille, remplacer les vitres qui étaient brisées par les coups de
butoir des vagues déchaînées, veiller sur le système de rotation
actionné par des poids extrêmement lourds à remonter jusqu’à trois
fois dans la nuit, remplir le journal du phare et lancer manuellement la
corne à brume suivant le temps. A cela s’ajoutait les tâches
quotidiennes de la cuisine, du ménage et de la lessive. Les phares étaient
réputés pour être d’une propreté exemplaire, des parquets
superbement cirés en passant par les cuivres étincelants. Et tout cela
en montant et descendant quotidiennement des centaines de marches, ce
qui en soit n’est pas un travail, mais qui demande un temps et une énergie
considérable. Les loisirs étaient occupés à du petit bricolage, de
l’écriture ou des activités artistiques.
Les deux « maladies » du gardien de phare de l’époque
étaient les poumons attaqués aux vapeurs de mercure et les brûlures
de la peau au pétrole enflammé. De
nos jours, les veilleurs du feu sont des techniciens qualifiés,
hautement spécialisés dans leurs formations comme dans leurs pratiques
et leurs savoirs-faire. Ils doivent comprendre et savoir manier les mathématiques,
le dessin industriel, les moteurs diesel, la mécanique, l’électricité,
l’électronique, les compresseurs, la radio, l’informatique, les
multimédia et les lectures météorologiques. A l’aide de récepteurs
GPS (Global Positioning System) permettant de déterminer les positions
géographiques, ils surveillent la réception des satellites et le
calcul des latitudes et longitudes afin d’avertir le service des
Affaires Maritimes au moindre écart. Que
ce soit à l’époque de nos ancêtres ou de nos jours, le métier de
gardien de phare ne peut cependant être pratiqué par n’importe qui.
La mer ne s’apprend pas dans des livres, ni en belles paroles. Pour être
veilleur de la nuit, il faut avoir la mer dans la peau, la respirer, la
craindre et la respecter. Il faut la connaître et être humble devant
elle. Il faut lui laisser sa force et ne lutter contre elle que pour
tenir allumer le feu, coûte que coûte, quelques soient les conditions
et les situations. |