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Les
phares de pleine mer étaient ravitaillés dans des conditions souvent
éprouvantes, toujours dangereuses, par des marins à bord de petits
bateaux solides et fiables. Le dernier d’entre eux était la vedette
" La Velleda ", espoir sans cesse attendu lors des
grandes tempêtes qui coupaient les gardiens de phare du reste du monde.
Le patron de " La Velleda " était Henri Le Gall,
reconnu par tous les marins de Bretagne comme " LE "
virtuose de la mer. Son équipage, comme celui de tous les bateaux dévolus
avant lui aux ravitaillements des phares du Raz et de la Chaussée de
Sein, était entièrement sénan. La
moyenne des ravitaillements se faisait trois à quatre fois par mois,
mais il n’était pas rare que les veilleurs se retrouvent isolés des
semaines entières du fait des éléments déchaînés. Le record de
longévité sans pouvoir être relevé ni ravitaillé est de 101 jours,
au milieu des pires tourmentes. Pour
l’Armen et la Vieille, le ravitaillement se passait toujours de la même
façon, à bord du bateau qui assurait le service. Faisant fi de la
violence des courants et des vagues coléreuses, la vedette
s’approchait le plus près possible des phares. L’équipage devait
alors accrocher le filin lancé par les gardiens. Ce filin a pour nom le
" cartahut " et sert à l’installation d’un
va-et-vient. Le passager se capelle, c’est à dire qu’il s’assure
d’une ceinture de sauvetage, puis il s’installe à califourchon sur
une sorte de gros ballon qui glisse le long du cartahut. Par temps
houleux, la manœuvre est particulièrement délicate et difficile. Par
tempête, elle est impossible.
La
relève se fait officiellement généralement après 15 à 20 jours en
mer, et offre 10 jours à terre, avant une nouvelle tournée. Mais la météo
connaît rarement les dates officielles et les 20 jours en mer ne
comptent pas pareils par temps de tempête. Ils se rallongent encore et
toujours jusqu’à ce qu’une éclaircie permette au cartahut d’être
fixé et la relève de s’exécuter. Cela était surtout vrai pour le
phare d’Armen, et c’est ce qui lui a valu l’appellation d’ " Enfer des Enfers ".
A l’heure actuelle, le ravitaillement et la relève des phares de Sein n’est plus nécessaire en mer, vu l’automatisation des feux. La Velleda ainsi que la Blodwen se relaient pour assurer le transport de matériaux lors de réparation à effectuer sur les phares en mer.
Les Phares et Balises, toujours chargés de la maintenance des phares en mer ont chargé la Blodwen pour ce travail. Souhaitons à ce bateau autant de virtuosité que ses prédécesseurs, pour les manœuvres souvent périlleuses dans les lames et les embruns de l’hiver.
L'équipage de la Blodwen avait le devoir d'effectuer les relèves à Kéréon, seul vrai "phare en mer" français encore habité à l'aube du XIXème siècle, situé au sud-est de l'Ile d'Ouessant, sur l'écueil de Men Tensel, "La pierre Hargneuse". Son gardien titulaire de 1999 à 2003, Jean-Louis Hervéou, est sénan d'origine, accompagné de sa chienne Bidourig. Celle-ci empruntait également le cartahut, dans le sac à dos de Jean-Louis, ainsi que le montre la photo ci-dessous.
De telles photos des gardiens de phares ne seront plus prises aujourd'hui. Kéréon a été automatisé le 29 janvier 2004.
Années des dernières automatisation des phares d'Iroise : - 1990 : Armen - 1991 : La Jument - 1992 : Les Pierres Noires - 1993 : Le Four - 1995 : La Vieille - 2004 : Kéréon |